
Ça a commencé doucement.
Ça a commencé doucement. Avec des mots presque invisibles.
Juste des remarques, des piques, des reproches à peine déguisés.
Des phrases qui glissent… mais qui s’imprègnent.
Tu disais que c’était pour mon bien. Et moi, je t’aimais alors je te croyais.
Tu savais si bien jouer avec mes émotions.
Un jour tendre, le lendemain glacial.
Un compliment pour m’attacher. Un reproche pour m’affaiblir.
Un regard doux… puis glaçant.
Un bras autour de mes épaules… puis une menace.
Tu plantais les graines du doute en moi.
Quand je pleurais, tu disais que j’étais trop sensible.
Quand je me défendais, tu disais que j’étais cruelle.
Alors je pliais. Parce que tu savais entrer dans ma tête.
Tu disais que tu souffrais. Tu disais que tout était ma faute.
J’ai voulu réparer. J’étais persuadée que c’était moi le problème.
Alors j’ai tout tenté pour m’adapter.
J’ai tout fait pour t’apaiser.
J’ai changé ma façon de parler. De respirer. D’être.
Je me suis effacée doucement, croyant que c’était ça, aimer.
Faire des compromis. Tout faire pour que ça tienne.
Je faisais attention à chaque mot. Chaque geste. Chaque silence.
Mais plus je me faisais petite, plus tu prenais toute la place.
Les cris revenaient de plus en plus forts, de plus en plus souvent.
Les portes ont claqué. Les objets ont volé. Les poings ont frappé les murs.
Les enfants se sont cachés dans les placards.
Et moi, je me suis fait encore plus petite mais j’ai eu peur, de plus en plus peur.
Une peur qui ne s’explique pas.
Une peur ancrée dans mes os.
Une peur qui serre la gorge, qui fait trembler les mains, qui fait battre le cœur trop fort.
Une peur viscérale. Une peur animale.
Une peur de celui avec qui je partageais ma vie.
Et malgré tout, je souriais.
Je pensais encore qu’en faisant plus d’effort ça irait.
Devant les autres, j’avais l’air “normale”. Mais en dedans, je ne vivais plus.
Je survivais.
Et puis un jour, il y’a eu le déclic. L’instant puissant de vie. L’épiphanie.
Avant de me noyer. Pour moi. Pour nos enfants. Pour toutes.
J’ai fui.
Au fond de moi, une toute petite voix chuchotait encore :
Tu as le droit d’être en vie. Tu as le droit d’être en paix.
Tu as dit que tu m’aimais puis que j’étais folle. Instable. Hystérique.
Tu as gardé ton masque bien lisse : poli, charmant, rationnel, incompris, victime.
Moi, une femme qui avait peur.
Et que certains ont su entendre. Ils m’ont sauvé.
Et aujourd’hui, je peux m’exprimer.
Je parle pour moi et pour toutes celles qui n’osent pas encore.
Celles qui pensent que c’est leur faute.
Celles qui se sentent trop. Ou pas assez.
Non, elles n’exagèrent pas.
Non, elles ne méritent pas ça et Non ce n’est pas leur faute.
Cela a des noms. Violence psychologique.
Violence conjugale. Contrôle coercitif.
Ce n’est pas de l’amour.
Ce n’est pas une simple crise de couple.
Ce n’est pas normal.
Tu as voulu m’éteindre.
Mais je suis encore là.
Plus vivante que jamais.
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